Le Dalaï Lama intègre le bouddhisme tibétain et la culture scientifique occidentale
Le Dalaï Lama n'a pas cessé d'oeuvrer au rapprochement et à l'intégration du bouddhisme tibétain et de la culture occidentale, en particulier dans sa dimension scientifique. La manifestation la plus spectaculaire de cette intégration se situe aux Etats-Unis, à Madison, dans un département de l'Université du Wisconsin, où Richard Davidson entreprend, à l'aide de la technologie neurocérébrale de pointe (IRM imagerie à résonance magnétique et EEG électroencéphalographe) une série d'expériences sur les grands méditants, afin de mieux comprendre les processus cérébraux en jeu lors de la méditation. Le Dalaï Lama s'est toujours engagé à fond dans ce genre d'expérimentation et de dialogue interculturels. Aussi on a pu dire, que l'exil d'une partie du peuple tibétain et de certains de ses grands maîtres comme le Dalaï Lama, dû au génocide culturel perpétué par les chinois, cet exil aura eu au moins comme conséquence positive cette intégration du bouddhisme tibétain et de ses joyaux culturels dans la culture de la plupart des pays occidentaux.
Voici quelques extraits d'un des derniers livres traduits en français du Dalaï Lama « Tout l'univers dans un atome », où il évoque plusieurs décennies de dialogue avec quelques uns des plus grands scientifiques de l'occident. Il sous-titre d'ailleurs ce livre : « Science et Bouddhisme, une invitation au dialogue ».
“La tradition contemplative bouddhique n'a pas disposé de moyens scientifiques pour comprendre les processus du cerveau, mais elle possède une connaissance très fine de la capacité de transformation et d'adaptation de l'esprit. J'ai appris que, jusqu'à récemment, les scientifiques pensaient qu'après l'adolescence le hardware du cerveau restait relativement immuable. Mais de nouvelles découvertes en neurobiologie ont dévoilé que le cerveau a une aptitude remarquable au changement, même chez les adultes de mon âge. Lors de la conférence “Mind and Life” de 2004 à Dharamsala, j'ai entendu parler de ce domaine en pleine expansion qu'est celui de l'étude de la “plasticité cérébrale”. Cela évoque pour moi la chose suivante : des traits qu'on imaginait fixes - comme la personnalité, la disposition et même les humeurs – ne le sont pas, et des exercices mentaux ou des changements dans l'environnement peuvent avoir de l'influence sur eux. Des expériences ont déjà montré que le lobe frontal gauche, la zone du cerveau associée aux émotions positives, comme le bonheur, la joie, la satisfaction, présentait une activité plus grande chez les grands méditants expérimentés. Ces découvertes impliquent que le bonheur est quelque chose que nous pouvons délibérément cultiver par un entraînement mental”.
“Dans une certaine mesure, si la science veut sérieusement avoir accés à toute la gamme des méthodes nécessaires à une étude compléte de la conscience, je pense que l'expérience de – je dirai même l'entraînement à – certaines de ces techniques de discipline mentale (ou d'autres techniques similaires) devra devenir partie intégrante de la formation du spécialiste des sciences cognitives. Je partage vraiment l'avis de Varela : si l'étude scientifique de la conscience doit arriver à maturité complète – dans l'hypothèse où la subjectivité est un élément essentiel de la conscience -, il lui faudra intégrer une méthodologie empirique entièrement développée et rigoureuse à la première personne; J'ai le sentiment que c'est dans ce domaine que les traditions contemplatives de longue date, comme le bouddhisme, peuvent apporter une contribution potentielle immense à la science et à ses méthodes. Il est possible , en outre, que la tradition philosophique de l'Occident lui-même possède des ressources capables d'aider la science moderne à élaborer ses propres méthodes d'intégration de point de vueà la première personne. Ainsi, nous pourrions élargir nos horizons, pour mieux comprendre l'une des qualités essentielles qui caractérisent notre existence humaine, à savoir la conscience.
Dalaï Lama “Tout l'univers dans un atome”, chapitre : “vers une science de la conscience” p. 168 et p. 187