La désintégration menace l'espèce humaine, à l'opposé de l'esprit intégratif

"Quand un système n'est pas capable de traiter ses problèmes vitaux, soit il se désintègre, soit il produit un métasystème plus riche, capable de les traiter : il se métamorphose." Edgar Morin

La désintégration menace actuellement l'espèce humaine. Il y a plusieurs désintégrations possibles.
La première, celle dont parle ce texte d'Arthur Koestler, c'est la désintégration nucléaire, c'est à dire celle de toute vie sur terre par explosion de la planète, si l'homme avait la folie de se servir de son arsenal accumulé absurdement depuis la dernière guerre mondiale. Hiroshima est la date charnière de ce vertige d'une désintégration totale devenue possible :
« Si l'on me demandait quelle est la date la plus importante de l'histoire et de la préhistoire du genre humain je répondrais sans hésitation : 6 août 1945. La raison est simple. Depuis l'apparition de la conscience jusqu'au 6 août 1945 chaque homme a dû vivre en ayant pour horizon sa mort en tant qu'individu; depuis lejour où la première bombe atomique a éclipsé le soleil au dessus d'Hiroshima c'est l'humanité, globalement qui doit vivre dans la perspective de sa disparition en tant qu'espèce(...) L'ennui est qu'une invention une fois faite, ne peut pas se désinventer. L'arme nucléaire est installée à demeure, elle fait désormais partie de la condition humaine. L'homme devra vivre avec elle en permanence : non seulement au cours du prochain conflit et de celui d'après; non seulement durant la prochaine décennie ou le siècle prochain, mais toujours – ou du moins aussi longtemps que l'humanité subsistera. Il semble bien, d'ailleurs, que ce ne sera pas très longtemps(...) La roulette russe n'est pas un jeu de longue haleine.”

Arthur Koestler, “Janus” p. 13, éditions Calmann Lévy

La deuxième menace de désintégration est la désintégration par catastrophe écologique ou environnementale, qui se dessine de plus en plus menaçante au fil des années, si bien qu'un homme comme Al Gore, dans son film “Une vérité qui dérange”, nous déclare sans ambages qu'il nous reste au mieux une cinquantaine d'années à vivre, si nous continuons ainsi à polluer notre planète Terre et détruire ses ressources limitées, les plus précieuses.

La troisième menace de désintégration, c'est une désintégration sociale généralisée, dans tous les pays, due à l'extension de la grande pauvreté et à l'accentuation du fossé qui se creuse toujours plus entre les riches et les pauvres. C'est l'extension catatrophique des bidonvilles et des favelas autour de toutes les grandes mégapoles du monde. Cette désintégration sociale favorise la prolifération du banditisme, de la drogue et des guerres, en particulier le terrorisme généralisé, souvent la conséquence de la pauvreté. Cette désintégration sociale serait aussi en lien avec les pandémies venant des régions les plus pauvres, et elle serait aussi accentuée par la surpopulation et l'explosion démographique actuelle.

Bref, les forces de désintégration sont partout à l'oeuvre et pour y faire face, il nous reste son principe opposé, son antidote : la force d'intégration de l'esprit intégratif à l'oeuvre, résultat d'une évolution de la conscience humaine de plus en plus urgente dans ces trois domaines : la course aux armements, l'écologie et la grande pauvreté.

La récente déclaration du Club de Budapest "L'Etat d'Urgence Mondial" d'octobre 2008, préparée par Erwin Laszlo et David Woolfson, me semble aller malheureusement dans le sens de cette possibilité de désintégration imminente. Elle invite bien sûr à un sursaut mondial de toute urgence, pour une transformation radicale des modes de vie dans tous les domaines. Il faut lire en particulier dans l'annexe2 :

les 10 menaces principales à la survie de l'humanité au XXIe siècle : le réchauffement climatique, la guerre nucléaire, la croissance de la population mondiale, l'apogée pétrolière, l'épuisement des ressources, la production et distribution de la nourriture, la qualité de l'air, la disponibilité en eau douce, la terre arable, les guerres, conflits armés et terrorisme, la pauvreté, la faim et la famine, les maladies.