Il faut enfin intégrer sagesse et spiritualité à la sociologie comme dans la Charte de l'Europe des Consciences
L'équipe de l'université « Terre du Ciel », et de l'ex-journal du même nom, devenu actuellement le journal “Sources” a rédigé une charte de l'Europe des Consciences, pour intégrer les dimensions manquantes à l'Europe actuelle, en particulier la dimension spirituelle. C'est un nouvel exemple de cet esprit intégratif à l'oeuvre, qui n'hésite pas, dans un domaine comme la sociologie-politique, à faire des propositions innovantes et intégratives. La charte rédigée par Terre du Ciel est commentée par Alain Chevillat, directeur-fondateur de l'université Terre du Ciel des savoirs et des sagesses.
“Article 1 : Renouer avec la dimension spirituelle et les valeurs éternelles.
Tou entier tourné vers l'avoir et le pouvoir, l'homme moderne s'est trop souvent coupé de sa dimension la plus profonde par laquelle le vie acquiert sens et plénitude. C'est lorsqu'il est connecté en lui à la source de toute vie que l'homme peut développer vision juste et action juste. Il participa alors à la danse et à l'harmonie de l'univers et, en respectant ses lois, il vit dans la joie, la conscience et la liberté.
Une civilisation qui ne reconnait aucun principe supérieur est une définition frappante de la civilisation occidentale. On peut parler à son sujet de subversion même, c'est à dire de renversement total de toutes ses valeurs : ce qui était en bas est en haut. Il suffit de regarder objectivement nos publicités – dont on nous dit d'ailleurs qu'elles reflètent l'homme plutôt qu'elles le conditionnent – pour s'en convaincre. L'homme moderne se résume à la satisfaction de ses besoins, matériels, alimentaires, sexuels. C'est l'unique principe auquel il se réfère et, dans ce domaine, il lui en faut toujours plus.
L'homme occidental, au cours de son histoire a abandonné petit à petit les valeurs qui l'animaient autrefois. Il s'est éloigné des religions, dans lesquelles il n'a plus vu qu'une structure extérieure destinée à conforter l'ordre établi. Trompé dans ce qu'il avait de plus respectable, déçu par les idéologies de remplacement (capitalisme, communisme, libéralisme...) il s'est replié sur l'unique valeur sûre qui lui restait, son corps, son ego, dans un individualisme forcené. Il tourne tout en dérision, ultime rempart au non-sens dans lequel il baigne. Ce faisant, il se nie lui-même, alors qu'il croit se libérer(...)
Grisé par ses succés matériels, l'homme occidental persiste à croire au concept du progrès indéfini. Si nos sociétés étaient heureuses, cela serait à la rigueur, la légitimation de ce progrès. Mais elles ne le sont pas : dépression, mal-être, suicides, anxiété diffuse, sont le lot de beaucoup et on peut se demander pourquoi. Ne serait-ce pas parce que ce confort a un prix, celui du pillage des quatre cinquième de la population restante, pillage qui révèle à lui seul combien l'homme contemporain a renoncé à ce qui fonde un être humain, ses valeurs et ses principes supérieurs(...)
Renouer avec la dimension spirituelle, c'est renouer avec l'Essentiel,avec ce qui soutient le monde, la vie, son harmonie, ses lois ; c'est remettre les différentes composantes de l'être humain en ordre. Si nous sommes effectivement un corps, celui-ci n'est pas le maître mais le serviteur. Il doit certres être traité avec les égards dus au bon serviteur. Il est le Temple et non le Saint des Saints. Il est le support extérieur des autres dimensions, plus subtiles, de l'énergie aux émotions, du mental au sens ultime du “Je suis”. Quand ces composantes sont à leur juste place, le spirituel devient la clé de voûte de l'édifice humain, l'être est unifié. Il sent la Joie là où il ne ressentait que plaisir éphémères, il découvre sa verticalité et, dans ce mouvement où il se redresse, son coeur s'ouvre aux autres et au monde."
Alain Chevillat “Réconcilier sagesse et société” Editions Jouvence / Terre du Ciel
J'aime aussi ce texte de Yahne Le Toumelin, peintre bouddhiste, proposant une autre vision de la société et de l'économie. De cette confrontation à la vision différente, peut naître peut être l'intégration-création dont nous avons tant besoin, dans le domaine collectif, social et économique.
"Traité d'économie : sans autre alternative, il y a deux types de sociétés. Une société de consommation et une société d'offrande. La première s'appuie sur l'ignorance. elle n'exporte que des poisons : rivalité, jalousie, colère, querelles, guerre, destruction finale. L'autre ou moi. La seconde sur la gratuité du don, reliée au respect absolu de celui qui donne et de celui qui reçoit. Dans le premier cas, l'avidité, la rivalité mimétique est la source des souffrances. Dans le second, le partage d'abondance et ses retombées nourrit tout un chacun à la hauteur de sa réceptivité. Il n'y a pas de troisième choix. La situation actuelle le prouve : la confusion mentale après la destruction du World Trade Center et la guerre en Afghanistan atteind son seuil maximum d'ignorance, où chacun juge l'autre barbare, se méprend sur le sens du désir et augmente la haine par la haine.
Donnez, donnez vos peintures, ô peintres ; et vous, amateurs, si vous avez de l'argent donnez-le à ceux qui en ont besoin. Il ne manque pas... de ceux qui manquent de tout.
L'offrande du monde, où ne cessent les vagues des phénomènes, est une harmonie universelle à préserver, l'écologie première, la grande banque à fond illimité de la vacuité !
Yahne Le Toumelin "Lumière, rire du ciel" éditions Pauvert (p.120)