Le courant multiréférentiel défini par la FF2P
Après avoir classé dans son site la psychothérapie en cinq courants principaux : la psychothérapie analytique, humaniste ou existentielle, cognitivo-comportementale, systémique et multiréférentielle, voici ce que la FF2P (Féfération Française de psychothérapie et psychanalyse), un des quatre syndicats de psychothérapeutes, dit de la psychothérapie multiréférentielle, que nous différencions de la psychothérapie intégrative.
"Par définition, la psychothérapie multiréférentielle utilise plusieurs cadres de référence et plusieurs méthodes qu’elle associe, en respectant certaines règles :
Au niveau du praticien :
• Avoir une formation de base dans les méthodes utilisées qui serve de socle et d’ancrage à la pratique
• Bâtir une synthèse cohérente qui apporte l’articulation nécessaire entre les différentes méthodes, en fonction des besoins spécifiques des consultants
• Structurer un parcours professionnel dans une perspective de formation continue. Le praticien qui se forme à différentes méthodes, le fait en tenant compte à la fois de sa curiosité et de ses lacunes. Ainsi, par exemple, dans les années 70, de nombreux psychanalystes ont participé à des groupes de formation à la psychothérapie humaniste, et inversement, des psychothérapeutes humanistes sont allés sur le divan s’initier aux mystères du transfert et du contretransfert.
De fait, très peu de psychothérapeutes pratiquent une seule méthode dans sa version « pure ». La plupart réalisent un ajustement en fonction de leur expérience et de leur sensibilité.
Au niveau de la méthode :
• Combinaison ou intégration ?
Plusieurs méthodes étant reliées ensemble dans la psychothérapie multiréférentielle, il existe dans ce cadre plusieurs types de psychothérapies, suivant les méthodes choisies. Tel type intègre psychanalyse et méthode émotionnelle/corporelle, tel autre une approche corporelle/émotionnelle avec une méthode comportementaliste, etc.
Bien qu’ayant plusieurs cadres de référence méthodologiques différents, les méthodes de psychothérapie multiréférentielle doivent les respecter tout en les associant.
Dans un autre cas de figure, les méthodes de psychothérapie intégrative rassemblent, dans un seul et même cadre de référence, des concepts et des techniques venant de plusieurs méthodes et les organisent dans un ensemble cohérent. La première tentative de psychothérapie intégrative fut celle du Docteur Roberto Assagioli (1888-1974) qui a créé la Psychosynthèse. Par la suite, celle-ci est devenue une méthode en elle-même. Charles Baudoin, élève de Jung, a aussi créé une psychothérapie intégrative.
Dans la période récente, une méthode baptisée Psychothérapie Intégrative a émergé en Angleterre, mais elle est en réalité une combinaison de deux méthodes.
• Nécessité d’une cohérence épistémique
Dans les deux cas de figure cités, il y a la nécessité d’une cohérence méthodologique, le danger de l’éclectisme pouvant mener à une pratique fondée en réalité sur le charisme personnel du psychothérapeute.
L’association de deux ou plusieurs méthodes de psychothérapie exige une articulation interne dans leur combinaison qui tienne compte de leurs contradictions et contre-indications éventuelles. Dans le cas de la psychothérapie intégrative, il s’agit de traduire dans une langue unique un concept venant d’une autre langue de telle sorte qu’il puisse être utilisé et intégré dans la nouvelle langue. Ainsi Françoise Dolto, à partir de son expérience de yoga, a introduit en psychanalyse la notion d’image inconsciente du corps. Inversement, certains psychothérapeutes humanistes utilisent la notion de « moi-peau » créée par Didier Anzieu.
Là où il y a invention, c’est dans la création d’un nouveau cadre. Par exemple, la Psychosynthèse, fondée sur le cadre d’un inconscient élargi aux différents domaines de la psyché, ou encore Wilhem Reich combinant travail émotionnel et psychanalyse, ont donné naissance au cadre d’une nouvelle discipline".
Plusieurs remarques s'imposent :
Le courant multiréférentiel, que nous appelons intégratif est pleinement reconnu, comme un des cinq courants principaux de la psychothérapie et cela est une bonne chose.
Par contre, le terme multiréférentiel entraîne une conception de la psychothérapie intégrative, figée à certaines références. Il s'agit bien sûr des références aux techniques et aux écoles en place, plus importantes que le processus, le mouvement d'articulation, la créativité entre les différentes techniques. Il s'ensuit par exemple dans la pratique, que pour être reconnu psychothérapeute multiréférentiel, il faut être certifié dans au moins deux écoles reconnues par la FF2P; ce qui est une hérésie pour la psychothérapie intégrative, telle que nous la concevons. D'abord, dans ce cas, il ne s'agit pas de multiréférentialité mais de biréférentialité, mais de plus, toute la richesse de la psychothérapie intégrative est perdue, c'est à dire son caractère non-scolaire, ses multiples références et pôles d'intérêt, ses formations les plus variées, les champs qu'elle peut investir dans d'autres domaines comme la spiritualité ou le développement personnel. La créativité entrainée par l'élargissement du champ référentiel, fait véritablement la marque de la psychothérapie intégrative, telle que nous la concevons ici.
Nous avons donc à faire avec cette multiréférentialité institutionnelle, à une conception réductionniste de la psychothérapie intégrative, où la multiréférentialité tient plus d'un apprentissage scolaire normatif, que d'une véritable ouverture à l'intégration créatrice. Ainsi, demander deux certifications dans deux techniques différentes comme critère de la multiréférentialité tient plus de l'ajout d'une technique l'une à côté de l'autre, c'est à dire de l'éclectisme, plutôt de la compétence à faire des liens et des synthèses créatrices avec plusieurs techniques venant de courants actuels, différents.