Les cinq niveaux d'intégration
Face à l'infinité diversité du monde et de l'être humain, il y a cinq attitudes possibles de l'esprit intégratif dans son désir d'unité ; ce sont les cinq niveaux d'intégration.
L'intégrisme ou intégration-destruction est l'anti-intégration par excellence : une partie se prend pour le Tout, ne supporte pas les autres parties dans leur différence et va tenter d'imposer sa vérité comme seule vérité, en détruisant les autres parties. C'est une destruction prédatrice plus qu'une intégration. En psychothérapie, c'est la loi Accoyer qui veut faire disparaître les psychothérapeutes qui ne sont pas médecins ou psychologues. Ou c'est le combat franco-français de la psychanalyse contre les TCC (Thérapie Cognitive et Comportementale), où l'un des protagonistes doit éliminer l'autre. Cette tendance très fréquente provient du cerveau reptilien archaïque de l'être humain, dans son réflexe de défense du territoire. Cette position menace actuellement la survie de l'espèce humaine dans la confrontation des visions du monde différentes, vus les moyens de destruction à disposition. Elle mène à la désintégration.
L'intégration - absorption ou par phagocytage : une partie plus importante va absorber une (ou des) partie(s) plus faible(s) ou minoritaire(s), par des moyens pacifiques (persuasion, éducation, publicité, etc). Si l'absorption est impossible, on peut éventuellement recourir à des moyens violents et on tombe dans le niveau précédent. C'est le mode d'intégration que l'on retrouve souvent en sociologie ou en économie- politique, par exemple à propos de la mondialisation (l'intégration de la démocratie et de l'économie de marché) ou en France pour l'intégration des immigrés. En psychothérapie, l'Université (psychologie et psychiatrie), veut absorber les psychothérapies, leurs spécificités et leurs diversités, par ce type de phagocytage, en proposant des formations de psychopathologie standardisées.
L'intégration - éclectisme : les parties différentes coexistent l'une à côté de l'autre, en respectant leurs différences, en tolérant l'existence de chacune. Mais les échanges sont plutôt rares : chacun garde sa spécificité et sa distance. Cela correspond en psychothérapie à l'éclectisme, c'est à dire à la juxtaposition de techniques différentes sans relation particulière. C'est le cas le plus fréquent de la pratique actuelle intégrative, d'où l'impression de désordre, de confusion, de "bazar", qui prête à critiques.
L'intégration - structuration : elle tente d'organiser, de structurer, de théoriser les rapprochements entre des parties différentes d'un tout. Le dialogue inspiré par la curiosité et la bienveillance, les échanges approfondies, éventuellement les critiques et les remises en question entre les différentes parties sont de mise, et finissent par entraîner des articulations, des régles de fonctionnement, des structurations et un esprit unitaire, une cohésion d'ensemble. C'est la forme d'intégration en psychothérapie, sur laquelle je mène ma recherche théorico-pratique, en particulier par la mise en évidence des schémas intégrateurs, des principes d'intégration cohérente.
L'intégration-création : c'est un niveau d'intégration encore supérieur, où, après une période d'échange, de dialogue, de remises en question, les différentes parties peuvent fusionner et donner naissance par créativité à une nouvelle forme qui les inclut et les transcende (comme l'ont montré Arthur Koestler et Ken Wilber). Au niveau artistique, cela est assez fréquent, par exemple dans la musique, avec le métissage des styles. En psychothérapie, c'est l'irruption, à force de coexistence de différentes techniques, d'une nouvelle méthode thérapeutique, englobant les méthodes précédentes de manière créative (ainsi à leur époque : la Gestalt, la PNL, la psychosynthèse). Les nombreuses nouvelles méthodes actuelles témoignent du foisonnement créatif de la psychothérapie par intégration - création.