L'éclectisme en psychothérapie est une pratique de plus en plus fréquente

Il semble qu'une pratique de plus en plus fréquente des psychothérapeutes en exercice consisterait à multiplier les approches et les techniques, et cela dans un souci empirique de plus grande efficacité, par rapport à la demande des clients.

- « les thérapies éclectiques sont non théoriques, pragmatiques et empiriques, constituées d'un assemblage de techniques disparâtes » (cf. Norcross et Grencavage 1989 dans la bibliographie).

- Cette tendance est déjà largement répandue et étudiée aux Etats-Unis :
en 1990 dans une enquête sur 800 psychothérapeutes, (cf. Norcross et Goldfield « psychothérapie intégrative » p. 107) 68% sont éclectiques, c'est à dire utilisent plus de 4 techniques différentes. Les mélanges concernent principalement les courants psychodynamiques, comportementales, humanistes, systémiques et transpersonnels.

- En France, le mouvement est moins développé, mais surtout dans le déni, le non-dit et le non-théorisé, principalement à cause de « l'esprit d'école », on pourrait dire « l'esprit de chapelle » des différents courants. Il n'y a pas vraiment d'étude descriptive, ni statistique sur l'amplitude du mouvement. Là encore, le phénomène est empirique. Mais en interrogeant la plupart des psychothérapeutes, on s'aperçoit que l'éclectisme est largement répandu.

Dans le cas de l'éclectisme, il n'y a pas de théorisation de ce rapprochement des techniques, mais seulement adaptation des techniques de manière intuitive, empirique, pragmatique, en fonction du client (de sa problématique, de sa personnalité, de sa demande) et des intuitions du thérapeute. L'éclectisme est le premier niveau de la pratique intégrative, le plus fréquent et le plus répandu.

- Il faut insister sur le fait que l'éclectisme reconnait la diversité des techniques psy dans un grand esprit de tolérance ; il correspond au niveau d'évolution du Mème Vert de la spirale dynamique de Don Beck. C'est un progrès par rapport à l'unidimentionnalité d'une technique utilisée seule et qui tourne souvent au dogmatisme et à l'exclusion des autres techniques (voir la ridicule querelle franco-française psychanalyse et TCC).

- mais ses défauts sont :
le relativisme
: toutes les techniques se valent sans hiérarchisation
le cloisonnement
: elles peuvent s'ignorer les unes les autres, sans chercher à dialoguer, à se rapprocher vraiment
La confusion : c'est à dire l'absence d'organisation, de structuration, de cohérence, d'où souvent une impression agaçante de confusion et une efficacité moindre.

On peut ajouter aussi une certaine superficialité de l'éclectisme qui se réduit à une sorte de "technicisme" de la psychothérapie - c'est à dire une accumulation de techniques -, sans vision profonde de l'être humain, comme le propose la psychothérapie intégrative telle que je la conçois - un être humain complexe, multidimensionnel et holarchique.
En particulier, en cette superficialité techniciste, l'éclectisme aura tendance à omettre que c'est la qualité de la relation thérapeutique, fondée sur la maturité intérieure du thérapeute, qui est le facteur décisif du succès d'une thérapie sur le long terme.

La multiréférentialité est souvent une autre manière de parler de l'éclectisme en psychothérapie

- La métaphore de cette approche éclectique, c'est la boîte à outils, avec pour dérapage possible du côté du thérapeute : "le bricolage" et du côté du client, « le papillonnage » de technique en technique, de thérapeute en thérapeute.
La psychothérapie intégrative va s'occuper de la manière d'utiliser la boite à outils de façon cohérente, cela afin de passer à un niveau d'intégration supérieur.